Le droit des successions est un domaine en constante évolution, notamment en raison de l’apport régulier de la jurisprudence qui vient préciser ou modifier les règles applicables. Cet article se propose d’analyser l’impact de plusieurs décisions récentes sur le droit des successions et d’en tirer les enseignements pour les professionnels et les particuliers.
La prise en compte croissante des droits du conjoint survivant
La jurisprudence a progressivement renforcé les droits du conjoint survivant, en élargissant notamment la portée de l’article 757 du Code civil. Ainsi, certaines décisions ont permis au conjoint survivant de bénéficier d’un droit viager au logement même en cas de démembrement de la propriété, ou encore d’étendre ce droit à un logement appartenant à une SCI dont le défunt était associé.
Par ailleurs, la Cour de cassation a également reconnu le caractère transmissible du droit d’usage et d’habitation au profit du conjoint survivant, dans un arrêt rendu le 6 juin 2018. Cette solution conforte la volonté du législateur de protéger davantage le conjoint survivant et souligne l’importance pour les praticiens de prendre en compte ces évolutions dans leurs conseils.
Les conséquences des donations entre époux sur la liquidation successorale
La jurisprudence a également eu un impact significatif sur la prise en compte des donations entre époux dans le cadre de la liquidation successorale. La Cour de cassation, dans un arrêt du 18 janvier 2017, a ainsi rappelé que les donations entre époux ne sont pas rapportables à la succession, sauf si elles excèdent la quotité disponible ordinaire.
Cette décision souligne l’importance pour les époux souhaitant se protéger mutuellement de privilégier les donations plutôt que les legs, afin d’éviter une remise en cause ultérieure par les héritiers réservataires. Il est donc primordial pour les praticiens d’informer leurs clients des conséquences de ces choix et de s’assurer de leur bonne compréhension.
L’évolution du régime juridique des assurances-vie en cas de démembrement
Le régime juridique des assurances-vie a également été profondément modifié par plusieurs décisions récentes. Ainsi, la Cour de cassation a reconnu, dans un arrêt du 30 mars 2016, que le bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie souscrit avec une clause bénéficiaire démembrée pouvait être contraint de verser une partie des sommes perçues au conjoint survivant, en application des règles du quasi-usufruit.
Cette solution peut avoir d’importantes conséquences pour les héritiers et nécessite une vigilance accrue de la part des professionnels lors de la rédaction des clauses bénéficiaires ou dans l’organisation de la transmission patrimoniale. Il convient, en effet, de veiller à informer les clients des incidences pratiques de ces dispositions et de leur proposer des solutions adaptées pour préserver leurs intérêts.
La reconnaissance d’un droit à récompense en cas d’investissement disproportionné dans un bien propre
Dans un arrêt du 21 mars 2018, la Cour de cassation a reconnu pour la première fois qu’un époux pouvait prétendre à une récompense en cas d’investissement disproportionné dans un bien propre de l’autre époux. Cette décision constitue une véritable évolution jurisprudentielle et offre aux praticiens un nouvel outil pour défendre les intérêts de leurs clients lors de la liquidation du régime matrimonial ou de la succession.
Il est essentiel de prendre en compte cette évolution dans l’analyse des situations patrimoniales et d’en informer les clients concernés, afin de leur permettre d’anticiper et d’éventuellement adapter leur stratégie successorale.
Ainsi, la jurisprudence récente a eu un impact considérable sur le droit des successions, tant en ce qui concerne les droits du conjoint survivant que les conséquences des donations entre époux ou le régime juridique des assurances-vie. Les professionnels doivent être particulièrement attentifs à ces évolutions et s’adapter en permanence pour offrir à leurs clients un conseil éclairé et personnalisé.
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